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Photo du rédacteurPhilippe OHAYON

Passoires thermiques et rénovations

A ce jour en France (juin 2022), 16,8 % des logements sont des passoires énergétiques (F et G), autrement dit des logements à rénover en priorité pour minimiser le gaspillage et la précarité énergétique.

En France :

75,4 % de tous les logements ont une étiquette énergie D ou pire, un constat d’ailleurs partagé à l’échelle européenne avec 82 % du parc au Royaume-Uni et jusqu’à 95 % en Espagne.

Seulement 74 000 logements font l’objet de rénovations globales chaque année, sur les 360 000 nécessaires à la réhabilitation du bâti.


Selon Pierre Leroy, co-fondateur de Heero, « l’impact de l’état du parc de logements est double… Le premier est bien entendu environnemental avec la question de savoir comment réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone en 2050. Rappelons que 16,8 % des logements anciens consomment plus de 331 kWhEP/m² par an. L’autre conséquence est bien sûr économique : d’ici 2034, 15 millions de logements seront inaptes à la mise en location en France, du fait des dernières mesures relatives à la Loi Climat dont les premières entrent en application dès cet été ». En effet, à partir du mois d’aout 2022, les loyers des logements F et G ne pourront plus être augmentés et dès 2023 certains logements G ne pourront plus être mis en location. Mais avec la mise en place de l’audit énergétique en septembre 2022 c’est la plupart des logements énergivores qui pourraient subir une décote de prix en raison de la hausse des dépenses énergétiques qu’ils engendrent pour les acheteurs.


En France, selon le Ministère de la transition écologique, 16,8 % des logements neufs et anciens confondus sont des passoires énergétiques, (18,4 % des maisons et 14,7 % des appartements), soit 4,8 millions de logements. A contrario 6,6 % seulement des biens sont économes (A et B), c’est-à-dire respectueux de l’environnement et peu coûteux à l’usage, mais ceux-ci sont généralement des biens neufs, avec bien sûr de fortes disparités régionales.


De fortes disparités régionales liées au climat, à l’état du parc, à la typologie des logements et au dynamisme du marché immobilier


7 régions sur 13, affichent une part de passoires supérieure à 10 % du parc de logement. La Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val de Loire et la Normandie disposent actuellement du parc le plus consommateur avec respectivement 16,6 %, 15,7 %, et 14,8 % de passoires (logements évalués F et G dans l’ensemble de parc).


De façon globale, les régions du nord et de l’est de la France affichent des besoins énergétiques supérieurs du fait de leur climat hivernal plus difficile mais aussi en raison d’un fort contraste en températures entre des étés chauds et secs et des hivers froids et humides… Résultat, les logements économes (évalués A ou B dans l’ensemble du parc, neuf inclus), sont en plus faible proportion : entre 13 et 17 % seulement.

L’Ile-de-France fait figure d’exception avec près de 24 % de logements économes, le meilleur score avec l’Occitanie, en lien notamment avec la plus grande part de logements neufs dans les DPE réalisés - respectivement 21 % et 25 % - mais également avec une plus grande part d’appartements dont la consommation énergétique est souvent moins élevée que les maisons.


C’est dans le sud de la France, dans les régions PACA, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine que l’on compte actuellement le moins de passoires énergétiques : respectivement 6,8 %, 7,3 % et 7,6 %. Ce sont également celles qui affichent le plus de logements économes (entre 18 et 24 %). Ces résultats sont logiques compte tenu de l’attractivité du littoral Atlantique et de la Méditerranée qui affichent les plus forts soldes migratoires de France, avec un dynamisme du marché immobilier et de la construction (20 % des DPE sont réalisés dans le neuf en Nouvelle Aquitaine par exemple). En outre ces régions jouissent d’un climat plus favorable et comptent également beaucoup de résidences secondaires acquises par des ménages aux revenus élevés qui ont davantage de moyen d’entretenir et rénover leur logement.


« Même si les régions du sud affichent de bons scores, ceux-ci reposent sur l’analyse des Diagnostics de Performance Energétique enregistrés entre 2014 et 2021, soit avant la réforme du DPE. Désormais, de nouveaux indicateurs sur le confort d’été et sur la ventilation sont pris en compte dans l’efficacité énergétique d’un logement. Même si on manque encore de recul, les territoires du sud risquent d’être plus impactés » analyse Romain Villain, directeur marketing et études chez Heero.


La typologie des habitations a également son importance : la part des logements énergivores (évalués E, F ou G, neuf inclus) dans le parc de maisons, va de 26 à 47 % selon les régions, contre 23 à 38 % pour les appartements. Ce sont dans les régions Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire et Grand Est que les maisons sont les plus énergivores avec des taux entre 46 et 47 %, en rapport avec le climat mais aussi avec l’âge du parc (seuls 13 % de Dpe dans le neuf en Bourgogne-Franche-Comté).

A noter que la part de maisons est très importantes dans cette région : 65 % du parc en Bourgogne et même 72 % en Centre-Val de Loire avec beaucoup de terrains agricoles et des habitats en lien avec l’activité (corps de ferme, maisons, chalets).

Pour autant, si la Bretagne, les Pays de la Loire et la Nouvelle Aquitaine affichent plus de 70 % de maisons, seul un tiers d’entre elles sont énergivores, notamment en raison de la part importante de résidences secondaires dans ces régions mais aussi d’un dynamisme immobilier et de la construction plus important.


« On le constate : la part globale de passoires énergétiques par région est généralement contrebalancée par la dynamique des programmes neufs. Si on retire cette variable de l’équation, le constat diffère : toutes les régions de France sont réellement concernées (surtout autour des ensembles montagneux), hormis le long des façades maritimes. La rénovation énergétique doit être sur tout le territoire, une priorité » analyse Pierre Leroy. « C’est pour cela que nous avons créé Heero : pour permettre aux Français de valoriser leur patrimoine mobilier, de réaliser une économie réelle sur leur facture d’énergie et de gagner en confort en leur apportant les solutions facilitant leurs démarches : une estimation des aides et primes en 3 minutes, un seul point d’entrée pour l’obtention des certificats d’économie d’énergie et MaPrimeRénov, et un accompagnement pour le financement du reste-à-charge »


Mais des atouts pour rénover et un effort des régions pour accompagner la rénovation, notamment dans les plus énergivores


Depuis le 1er janvier 2022, un nouveau service public de la rénovation énergétique en France a été lancé : France Rénov. Un objectif : regrouper les acteurs de la rénovation énergétique sous une seule et même bannière, les rendre visible. Il existe plus de 300 espaces France Rénov à date en France métropolitaine, répartis de façon plutôt homogène entre les régions.

Ce sont dans les régions Nouvelle Aquitaine et Grand-est que l’on trouve le plus d’espaces France Rénov avec respectivement 45 et 42 espaces, suivi de la région Hauts-de-France, cette dernière avec le Grand-Est faisant partie des 3 régions dans lesquelles les besoins de rénovation sont les plus élevés. Viennent ensuite la Bretagne, Pays de la Loire et l’Ile-de-France, avec près d’une trentaine d’espaces France Rénov au total. Si la Corse est lanterne rouge du classement, avec seulement 5 espaces sur l’ile, rapportés au nombre de logements, c’est la région qui en compte finalement le plus, suivi de la Bretagne et du Grand-Est.

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